QUAND LE PAYSAGE DEFINIT UNE ARCHITECTURE

13 Mai 2024 | Actualité et informations

Il n’est pas habituel pour une agence immobilière d’interviewer le propriétaire d’une maison. Cependant, lors de la visite de cette demeure si différente toute l’équipe de Benarroch Real Estate était curieuse de savoir comment un tel projet avait vu le jour : une maison contemporaine dans l’écrin d’un parc naturel et à 10 minutes du centre de Ronda. Bonne lecture !

Vous avez quitté Paris et êtes venue construire une maison …à Ronda !

R : Oui, j’ai changé de paysage et de vue : de l’Arc de Triomphe en plein Paris à cette vue que vous découvrez ici aujourd’hui !

Racontez-nous… 

R : Il faut savoir changer de vie et j’ai la chance d’exercer un métier où il faut être disponible pour voyager beaucoup mais dans mon cas cela n’était possible qu’à condition de revenir dans un lieu autre, différent, qui me ressourçait et me permettait de continuer à faire mes recherches et mes expertises.

Et pourquoi ou comment, Ronda ?

R : Je crois que ce sont aussi les lieux qui vous choisissent : il y a les souvenirs d’enfance, le Maroc, l’Espagne et cette langue maternelle espagnole dans un pays où l’on parlait français, arabe, espagnol. Cela vous ancre dans plusieurs dimensions. Mais c’est un coup de foudre qui déclenche quelque chose que par la suite vous comprenez comme une évidence.
En quittant Paris, l’intention n’était pas de devenir agricultrice et d’avoir des champs d’oliviers et des vignes ! Je suis marchande de tableaux et j’ai la chance de vivre en transmettant des œuvres impressionnistes et modernes.

A Paris j’ouvrais mes fenêtres et je voyais l’Arc de Triomphe et les victoires napoléoniennes inscrites sur cet Arc comme un rappel incessant de l’Histoire de Rome et de la France entre 1800-1821. Lorsque l’on m’a montré le terrain où cette maison se trouve aujourd’hui j’ai été éblouie par le paysage et le tableau vivant qu’il représentait. Je venais de vendre un tableau d’un immense peinte français, Courbet, peint dans les montagnes suisses. J’y ai vu un signe et j’ai pensé que seul un paysage aussi vierge et grandiose, un véritable tableau vivant pourrait me faire oublier la beauté de Paris que j’aimais tant.

Mais tout de même, construire une maison contemporaine ?

R : Au contraire, il fallait partir de 0, ne marcher dans les pas de personne et inventer quelque chose qui serait un hommage de tous les jours à cette vue extraordinaire.

Cette maison a obtenu un permis de construire dans un paysage classé « Parc Naturel Inconstructible » et il y avait beaucoup de contraintes qui ont été respectées à la lettre.

Quelques idées précises m’ont guidée : suivre la course du soleil du lever au coucher, faire en sorte que l’extérieur rentre en permanence dans la maison et ne pas essayer de rivaliser avec ce paysage hors du commun. Il faut aussi parler de l’architecte Kourosh Mohsnipour, qui a su par son talent mais aussi par sa grande culture créer un espace à la fois intime et grandiose et faire rentrer la montagne sans le salon et le ciel dans chaque pièce.

Mais cette construction, ces matériaux, cette inspiration ? Le jardin, l’arrosage en été ?

R : Là aussi le même souci de rendre hommage à ce paysage : demander conseil à des artistes, leur commander des pièces sur mesure. C’est le cas pour trois des salles de bains mais aussi pour la terrasse et sa cascade, pour la grande fresque du salon, les portes, les luminaires etc. Chaque élément a été conçu et fabriqué, signé par l’artiste.
Il faut essayer d’être unique dans un endroit unique. Sûrement une déformation professionnelle !

Pour le jardin aussi, il fallait rester en deçà et laisser la place aux différents points de vue.

Des plantes dures et résistantes, qui tapissent le sol, pas de fioriture, pas de pelouse, et des rosiers blancs qui s’appellent Iceberg …une ironie en Andalousie ! Pour l’arrosage, j’ai pris conseil auprès d’un ingénieur agronome et je récupère les eaux de pluies du toit de la maison laquelle est ensuite stockée dans des réservoirs flexibles. On arrose avec de l’eau de récupération et jamais celle de la ville.

Et comment vivez-vous ici au quotidien ?

R : Presque de la même manière dont je vivais à Paris ! C’est une maison citadine avec beaucoup de confort, mais dans un environnement qui change sans cesse, et qui recèle beaucoup d’enseignements. Nous vivons une époque où tout semble possible, mais vivre dans un lieu où la nature vous impose son rythme… de la croissance des plantes au chant des oiseaux ou aux grelots des brebis la nuit est une leçon de modestie. Je ne suis pas venue ici pour revendiquer un retour romantique à la nature, j’ai été fascinée par un paysage et c’est lui qui m’a appris la nature ! Mais rassurez-vous… je sors ! Je vais en ville (j’y suis en 10 minutes) presque tous les jours, j’aime regarder les gens, échanger avec eux, boire un verre, visiter les amis vignerons et me dire que cet art de vivre est encore préservé ici. Le paysage m’a beaucoup appris mais les gens entretiennent ici des liens qui existent de moins en moins ailleurs. On peut parler d’un écosystème !

Notre dernière question : pour quelle raison voulez-vous vendre votre maison ?

 R : J’ai quitté le Maroc, puis la Suisse, puis Paris et maintenant Ronda ! Nos vies changent, il faut savoir quitter les lieux qu’on a aimés et se ré inventer ailleurs. Je n’aime pas le mot vente, je préfère celui de transmission. Je ne vends pas seulement des œuvres d’art, je suis l’intermédiaire qui leur permet de continuer de vivre ailleurs en étant regardées par d’autres.

Il y a toujours mieux bien sûr, mais au sein de ce qu’elle est j’espère que d’autres ressentiront le charme de la maison dans un écrin de nature intacte et sauvage.

Vous savez … les mots ont un sens. En espagnol, en français, en anglais, en italien, on utilise le mot Obra, Œuvre, Work, Opera, pour qualifier un tableau mais aussi une construction. !

 

Brice Benarroch Mennessons

Article par Brice Benarroch Mennessons

13 Mai 2024
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